La nature et les éléments qui la composent sont pleins d’enseignements. Il suffit de s’éloigner du bruit et de la fureur du monde pour faire une rentrée méthodique en soi, se plonger avec assurance dans les profondeurs du silence pour découvrir l’immensité des connaissances qui crépitent sous nos yeux incrédules.
En effet, le sel, ce banal aliment, est d’une sagesse extraordinaire ! Ce cristal scintillant n’a de valeur que lorsqu’il se dilue, se dissout dans un autre aliment pour lui rehausser son goût, sa saveur. C’est un amplificateur de valeurs qui accepte de disparaître pour faire vivre les autres. Beaucoup d’aliments seront fades, insupportables, détestables, méprisés et rejetés par les papilles gustatives sans le sel. Ils absorbent ce dernier pour révéler l’étendue de leur « beauté » et de leur « grâce » !
L’éclipse du sel, donc sa nature profonde, pour laisser l’autre « paraître » et « s’épanouir » est un enseignement fondamental pour l’être humain. La fonction du sel s’apparente à celle d’une Gazelle dans le foyer familial !
Les jalousies incompréhensibles, le mépris souverain à l’égard de l’autre, l’arrogance effroyable, les grandiloquences inutiles sont des expressions des esprits à l’appauvrissement définitif. Parce que, quand on sait que les maladies et finalement la mort nous emporteront inévitablement dans le néant lugubre, il est totalement inutile de végéter dans ces passions tristes. Il vaut mieux rire de notre vie absurde, de notre condition misérable d’homme et de femme condamnés à mourir. Nos croyances pharaoniques et rigides, nos prières excessives et prodigieuses ne changeront rien à notre destinée morbide. Soyons donc humbles, observons un silence de cathédrale face aux critiques malveillantes, profitons des beautés du monde, contemplons la nature exubérante qui nous environne, vivons dans la plus grande simplicité, ce que les Bouddhistes appellent, la simplicité première !
Tout le mal qui nous assaille réside dans notre désir ardent de posséder. Moins on a de biens, mieux on se porte. Malheureusement peu de gens le comprennent. La volonté de posséder est toujours plus forte. Or, c’est ce déferlement accru vers l’accumulation des biens qui à l’origine de nos déboires, de l’affaissement de notre esprit. La santé mentale et la santé physique subissent de plein fouet le stress de la crainte de la dépossession. À la valeur d’usage du nécessaire s’est substituée la valeur du paraître, de l’accumulation, du superflu, qui finalement nous ramène à notre état primitif, des bêtes qui font seulement usage de leur instinct grégaire !
La souffrance d’autrui me lance un appel – sauve moi de ma propre souffrance ! Je me dois donc d’y répondre tout en sachant que j’échouerai toujours dans mon désir de lui apporter la totalité de ses besoins.
En effet, nos prières ne prouvent en rien notre humanité, elles aiguisent tout simplement notre orgueil de croyants. Les seules prières fondamentalement vraies et sincères sont celles qui vont en direction des autres et surtout des plus faibles d’entre nous. Car l’éthique, selon Levinas est la mise en suspens de soi.
Nous devons arrêter d’être préoccupés pour nous-mêmes et penser un tant soit peu aux autres qui ont juste besoin d’un regard, non de pitié, mais de bienveillance donc d’humanité. L’incertitude criarde de la vie doit être une source de prudence et d’humilité.
L’automne et ses matins brumeux, pluvieux et froids, s’installe petit à petit. Bientôt des milliards de feuilles des arbres joncheront le sol, des couleurs multiples et spectaculaires apparaîtront. La dense automnale sera intense. L’hiver qui s’en suivra annoncera les fêtes de fin d’année. Le cycle est éternel. Les Hommes, non !
La femme est un être singulier, extraordinaire, voire mystérieuse. C’est ainsi que l’un des mystères qui entourent la gent féminine se trouve être son sac à main. Cet objet, à nos yeux, banal, est d’une importance capitale pour les Gazelles. Le sac à main, au-delà d’une simple parure en complément d’un accoutrement assorti, représente le symbole suprême de la féminité. La plupart des femmes le portent avec élégance, volupté et surtout de façon mystérieuse.
Et c’est ce mystère que je tente d’élucider en cherchant à explorer le contenu de ces sacs à mains, prenant ainsi le risque de poser un certain nombre de questions. Pourquoi ce besoin d’avoir un sac à main ? Quels sont les objets, si précieux, qui s’y trouvent ? N’y a-t-il pas un risque de dévoilement de soi si jamais il se perdait ? Et enfin, pourquoi mettre autant d’argent dans un objet si banal ?
Jeune bachelier, et devenu soudain velléitaire, j’avais enfin décidé d’aller maintenant plus loin dans mes rapports avec les filles, mordre goulûment dans la pomme interdite. Devenu donc étudiant dans le quartier Womey où tous les autres « terminalistes » avaient échoué, j’avais donc une ascendance extraordinaire sur les jeunes Gazelles qui pullulaient dans cette banlieue de Ouidah. La situation géographique de la maison de mon oncle Benoit, où j’habitais seul, située à l’extrémité sud, à la sortie donc de cette agglomération pittoresque, à l’abri des regards perturbateurs, était un formidable atout qui m’incitait à l’action. Ainsi donc, j’arrêtais, systématiquement et sans distinction, toutes les filles qui passaient, seules, devant chez moi. Je déployais tout le charme dont je disposais pour les convaincre. Comme je n’avais pas d’argent, j’utilisais la seule arme qui était à ma portée, une arme redoutable, le verbe, les mots. Mais aussi, et surtout le BAC !
Un jour donc, j’étais à l’affût, comme un chat qui guettait sa proie. J’attendais avec frénésie, la première jeune fille qui s’aventurait devant ma maison isolée. Surgit de nulle part, après quelques temps d’attente, une silhouette flegme d’une démarche princière qui avançait avec un calme olympien et une assurance extrême. Les reflets luxuriants du soleil matinal qui effleuraient ses joues appétissantes lui donnaient l’air d’une fille issue de la grande bourgeoisie. C’était une déesse, à l’allure aristocratique, qui s’avançait, pour aller se perdre dans ma gibecière. Ebloui par cette beauté raffinée, rare et rarissime, je perdis, dans un premier temps, mes mots. Mais, je ne pouvais en aucun cas laisser passer une femme aussi délicate et sublime. Il fallait agir, et vite. Je me levai donc de ma chaise, sous le petit manguier qui s’élançait triomphalement dans le ciel infini, pour aller à la rencontre de la belle, surprise par mon audace.
-Bonjour jeune fille, vous êtes très belle, comment vous vous prénommez ? lui ai-je asséné, poussé par une énergie et une détermination inexpliquée.
Un sourire furtif et majestueux emplit son visage rond, sobrement maquillé. De sa bouche pulpeuse et modestement vernie, elle me répondit avec une voix suave et d’une naïveté grandiose, laissant paraître une dentition immaculée et éclatante !
-Joséphine !
-Joséphine, vous êtes très belle. Moi, je m’appelle Serge, je viens d’avoir le BAC !
-Ah bon ! Vous êtes le seul bachelier du quartier, mon grand frère a dit qu’il n’y a qu’un seul admis dans tout Womey. Donc c’est vous ?
-Oui, c’est moi ! Et je prépare mon concours pour entrer à l’ENA.
-C’est quoi l’ENA ?
-Ecole Nationale d’Administration !
-Que voulez-vous étudier ?
-La diplomatie, j’aimerais être diplomate !
-Vous avez de grandes ambitions !
-Vous trouvez ?
-Oui, c’est la première fois que je rencontre un homme aussi sûr de lui-même !
Comme vous le voyez, cette discussion a scellé le « sort » de la jeune Gazelle. Je n’avais plus déployé beaucoup d’effort avant qu’elle n’acceptât de devenir ma copine, la deuxième, après Pélagie, conquise elle aussi avec la même stratégie. Brandir le BAC, trouver de jolies formules pour faire rire et se montrer très poli.
Le livre est un produit de première nécessité. Nourrir son corps est certes un besoin primaire, voire animal, mais il est indéniable de nourrir aussi son esprit, en lui apportant des « ingrédients » cérébraux et intellectuels indispensables pour le forger. Cela nous empêcherait de paraître certainement moins « faible » et donc nous éviterait d’alimenter stupidement le rang des vendeurs d’illusion et d’utopie qui sévissent et torpillent les consciences depuis des millénaires.
Toute personne, viscéralement éprise de liberté et de volupté d’esprit, doit avoir un budget mensuel, aussi minime soit-il, pour se procurer un livre, quel qu’il soit. La lutte contre l’ignorance est comparable à celle contre la faim, elle est permanente. Les livres, les bons, ragaillardissent l’esprit et l’éloignent des pitreries, pour qu’il monte en altitude et s’implante sur les cimes de la connaissance. Se cultiver à travers les livres est d’une importance vitale et contribue à garder une certaine vivacité d’esprit !